Dans la tradition juive, de nombreux fidèles observent une coutume profonde et émouvante, connue sous le nom de « Selihot » (pluriel de « Seliha », signifiant « pardon » ou « pardon des péchés »). Cette pratique spirituelle intensive marque le début d'une période d'introspection et de repentir en préparation des Jours Redoutables. Pour les Juifs séfarades, l'observance des Selihot commence dès le premier jour du mois hébraïque d'Eloul. C'est un mois entier dédié à la réflexion, à l'auto-évaluation et à la préparation de l'âme avant les grandes fêtes d'automne.

Chaque soir, particulièrement dans les communautés séfarades, les fidèles se lèvent aux petites heures de l'aube, bien avant le lever du soleil, pour se rendre à la synagogue. Là, dans une atmosphère empreinte de recueillement et de ferveur, ils se rassemblent pour réciter des prières de supplication, des poèmes liturgiques appelés "piyoutim" et à solliciter le pardon divin. Ces prières sont souvent prononcées dans le noir ou à la faible lumière des bougies, créant une ambiance propice à la méditation et à la connexion spirituelle. L'objectif est de réveiller la conscience et de se rapprocher de D-ieu avant le Jugement de Roch Hachana. Après ces intenses moments de prière qui peuvent durer jusqu'à l'aube, les fidèles retournent à leurs occupations quotidiennes, emportant avec eux la sérénité et la détermination de s'améliorer.

La Période d'Eloul et l'Intensité des Selihot

Le mois d'Eloul est considéré comme un temps propice à la Teshuvah (le repentir, le retour à D-ieu). La tradition enseigne que pendant Eloul, D-ieu est plus accessible, car « le Roi est dans le champ », signifiant qu'Il est proche de chacun, sans les fastes et la distance de Son palais. Cette période est cruciale car elle permet aux individus de se préparer spirituellement aux défis et aux jugements des fêtes à venir.

Les prières de Selihot incluent souvent les « Treize Attributs de Miséricorde » divins, révélés à Moïse après l'épisode du Veau d'Or, et considérés comme une formule puissante pour implorer le pardon de D-ieu.

Les Yamim Nora'im : Jours de Crainte Révérencielle

L'intensité spirituelle et la quête de pardon atteignent leur paroxysme avec les « Yamim Nora'im », qui signifie littéralement les « Jours Redoutables » ou « Jours de Crainte Révérencielle ». Contrairement à la notion que cela se déroule entre Yom Kippour et Roch Hachana, ces jours se situent en réalité entre Roch Hachana et Yom Kippour. Il s'agit d'une période de dix jours, commençant avec Roch Hachana (le Nouvel An juif) et se terminant avec Yom Kippour (le Jour du Grand Pardon).

Roch Hachana : Le Jour du Jugement
C'est le début de l'année juive, un jour où, selon la tradition, l'humanité entière est jugée par D-ieu pour ses actions de l'année écoulée. C'est un moment de réflexion profonde sur la vie, les erreurs commises et les résolutions pour l'avenir. Le son du Shofar (corne de bélier) retentit, appelant au réveil spirituel et à la repentance.
Les Dix Jours de Pénitence (Aseret Yemei Teshuvah) :
La période entre Roch Hachana et Yom Kippour est cruciale. Elle offre une dernière opportunité d'intensifier la Teshuvah (repentir), la Tefillah (prière) et la Tzedakah (charité). Les portes du ciel sont considérées comme grandes ouvertes, permettant à chacun de réparer ses fautes envers D-ieu et envers son prochain.
Yom Kippour : Le Jour de l'Expiation
C'est l'apogée des Yamim Nora'im, le jour le plus saint du calendrier juif. Il est marqué par un jeûne complet de 25 heures, l'abstention de tout travail et une immersion totale dans la prière et la confession. C'est le jour où les décrets divins sont scellés et où le pardon est accordé à ceux qui se sont sincèrement repentis.

Salutations et Signification

Durant ces jours solennels des Yamim Nora'im, la salutation traditionnelle prend une signification particulière. Les Juifs se saluent avec la prière suivante : « Puissiez-vous tous être inscrits dans le Livre de la Vie » (pour les hommes, « L'Shanah Tovah Tikatevu » ; pour les femmes, « L'Shanah Tovah Tikatevi », ou plus globalement « Ktivah V'hatimah Tovah », signifiant « Puissiez-vous être inscrits et scellés pour une bonne année »). Cette expression reflète la croyance que D-ieu tient un registre des destinées humaines, et chacun espère être inscrit et scellé pour une année de vie, de santé et de bénédictions. Cette salutation n'est pas une simple formule de vœux, mais une prière collective pour le bien-être de la communauté, soulignant l'importance du pardon, de la réconciliation et de l'unité avec D-ieu et avec ses semblables.

FAQ sur les Jours Redoutables et les Selihot

Qu'est-ce que la coutume des Selihot ?
La coutume des Selihot est une pratique juive de prières pénitentielles et de supplications récitées avant les Jours Redoutables (Yamim Nora'im). Elle vise à préparer spirituellement les fidèles à la repentance et au pardon en vue de Roch Hachana et Yom Kippour.

Quand les Selihot sont-elles récitées ?
Pour les Juifs séfarades, les Selihot commencent dès le premier jour du mois hébraïque d'Eloul. Pour les Juifs ashkénazes, elles commencent le samedi soir précédant Roch Hachana (ou la semaine de Roch Hachana).

Que sont les Yamim Nora'im ?
Les Yamim Nora'im, ou "Jours Redoutables", sont les dix jours qui s'étendent de Roch Hachana à Yom Kippour inclus. C'est une période intense de jugement divin, de repentance et d'introspection, culminant avec le jeûne et les prières de Yom Kippour.

Pourquoi les Juifs se saluent-ils par « Puissiez-vous être inscrits dans le Livre de la Vie » ?
Cette salutation exprime l'espoir et la prière que D-ieu inscrive et scelle chaque individu pour une bonne année dans le "Livre de la Vie", symbolisant le jugement divin et le désir de pardon et de bénédictions pour l'année à venir.