La période des cinquante jours qui s’étend entre la fête de Pâque (Pessah), commémorant la libération du peuple juif de l’esclavage en Égypte, et la fête de Chavouot, célébrant le don de la Torah sur le Mont Sinaï, est connue sous le nom de Sefirat Ha’Omer, ou le Décompte de l’Omer.

Initialement, ces jours devaient être empreints d'une joie croissante et d'une préparation spirituelle intense, symbolisant l'anticipation fervente de la réception du plus précieux des dons divins : la Torah. Cependant, cette période, bien que culminant vers un événement joyeux et fondateur, est également marquée par des coutumes de deuil et de retenue.

Qu'est-ce que la Sefirat Ha'Omer ?

Le terme « Omer » fait référence à une mesure d'orge qui était traditionnellement offerte au Temple de Jérusalem le deuxième jour de Pâque, marquant le début de la récolte de l'orge. Le décompte quotidien (Sefirat) qui suit cette offrande relie la sortie d'Égypte à la révélation de la Torah. Il s'agit d'une période de croissance spirituelle où chaque jour est une étape vers la grandeur morale et spirituelle incarnée par les commandements divins.

Pourquoi une période de deuil ?

Malheureusement, au fil de l'histoire, cette période a été entachée d'une tragédie majeure. Selon la tradition talmudique (Yevamot 62b), une terrible épidémie s'est abattue sur les milliers d'étudiants du grand sage Rabbi Akiva durant ces cinquante jours, précisément entre Pâque et Lag BaOmer. La cause de cette épidémie est attribuée, par certains commentateurs, à leur manque de respect les uns envers les autres. Le bilan fut dévastateur, entraînant la perte de 24 000 disciples du plus éminent érudit de son temps, à l'exception de cinq élèves qui deviendront les piliers de la transmission de la Torah.

Les coutumes de deuil du Sefirat Ha'Omer

En mémoire de cette tragédie et en signe de deuil, de nombreuses coutumes et restrictions sont observées pendant la majeure partie du décompte de l'Omer :

• Interdiction de la musique et des célébrations joyeuses : Sauf pour Shabbat et les jours de fête mineurs, il est coutume de ne pas écouter de musique instrumentale, ni de participer à des concerts ou des danses, symbolisant le recueillement et l'absence de pleine joie.
• Interdiction des mariages : Les noces, étant des événements empreints d'une grande liesse, sont généralement reportées en dehors de cette période, à l'exception de Lag BaOmer.
• Interdiction de se couper les cheveux ou de se raser : Cette pratique est une marque de deuil et de sobriété, reflétant une négligence volontaire de l'apparence physique au profit de la réflexion intérieure. Les femmes peuvent toutefois se coiffer.
• Interdiction d'acheter de nouveaux vêtements importants ou de célébrer d'autres événements joyeux : Certains s'abstiennent également d'acheter des articles de luxe ou de planifier des célébrations non-essentielles.

Ces restrictions sont levées le jour de Lag BaOmer, marquant une pause dans le deuil.

Lag BaOmer : Un point de lumière au cœur du deuil

Le 18 Iyar, le trente-troisième jour du décompte de l'Omer, est une date unique qui apporte une interruption bienvenue dans cette période de restrictions. Ce jour est connu sous le nom de Lag BaOmer (où "Lag" est la valeur numérique hébraïque de 33 : Lamed=30, Gimmel=3). C'est un jour de fête et de réjouissance, marquant la fin de l'épidémie qui frappa les disciples de Rabbi Akiva.

Lag BaOmer est également associé à d'autres événements significatifs :

• Il est traditionnellement considéré comme la date du Hiloula (anniversaire de décès) de Rabbi Shimon Bar Yochai (le Rashbi), l'un des plus grands maîtres de la Kabbale et l'auteur présumé du Zohar, l'ouvrage fondamental de la mystique juive. Sa disparition est célébrée comme un jour de révélation spirituelle intense, car il a transmis ses enseignements les plus profonds juste avant de quitter ce monde.
• C'est un jour où les coutumes de deuil de l'Omer sont levées. Les mariages peuvent avoir lieu, la musique est à nouveau permise, et de nombreuses personnes se coupent les cheveux pour la première fois depuis Pâque.

Les célébrations de Lag BaOmer sont souvent caractérisées par des feux de joie, symbolisant la lumière de la Torah et la révélation du Zohar, ainsi que des sorties en plein air avec des arcs et des flèches, rappelant la non-interruption de l'arc-en-ciel (signe d'alliance divine et de paix) durant la vie de Rabbi Shimon Bar Yochai, ou la défense de la Torah.

Foire aux questions (FAQ) sur la Sefirat Ha'Omer et Lag BaOmer

Quelle est la durée exacte du décompte de l'Omer ?

Le décompte de l'Omer dure 49 jours, soit sept semaines complètes, commençant le deuxième soir de Pâque et se terminant la veille de Chavouot, le 50ème jour.

Pourquoi Lag BaOmer est-il un jour de joie au milieu du deuil ?

Lag BaOmer marque la cessation de la terrible épidémie qui a emporté les élèves de Rabbi Akiva. De plus, il est traditionnellement associé à la Hiloula de Rabbi Shimon Bar Yochai, dont le départ a été un moment de grande illumination spirituelle.

Peut-on organiser un mariage pendant le décompte de l'Omer ?

Généralement, non. Les mariages sont interdits pendant la période de deuil de l'Omer, à l'exception de Lag BaOmer lui-même, où toutes les restrictions sont levées, et dans certaines communautés, lors de Rosh Hodesh Iyar (le début du mois d'Iyar) ou les vendredis après-midi avant Shabbat.

Pourquoi fait-on des feux de joie à Lag BaOmer ?

Les feux de joie de Lag BaOmer symbolisent la lumière de la Torah et l'illumination apportée par les enseignements de Rabbi Shimon Bar Yochai, en particulier le Zohar. Ils rappellent également la lumière qui éclaire l'obscurité du monde et la flamme inextinguible de la tradition juive.